Dans la catégorie expérience en transport, j’ai nommé le bus au Laos !!!
Depuis Nhong Khiaw, j’ai décidé de rejoindre l’Est du Laos, en bus local. L’aventure commence dès l’arrivée au guichet où on m’annonce qu’il y aura peut-être de la place mais ce n’est pas sur. Il faut attendre l’arrivée du bus pour voir! Ok… je veux bien… mais… l’autre bus qui est encore disponible va partir et si je ne peux pas prendre celui qui doit venir, il faut que je change ma destination…
« Baw pen nyang (= pas de problème), Attendez-là! »… Bon, l’autre bus part, je dois maintenant croiser les doigts pour éviter de passer une nuit dans le village où il pleut des cordes.
Un petit bus arrive, moins pourri que dans mon esprit. L’homme du guichet discute avec le chauffeur et le contrôleur des tickets. Je peux monter, on me fera une place dans l’allée, et cinq laotiens descendront sur la route, d’ici 40 km.
Je monte… Comme en Inde, le bus a une capacité de 19 personnes (et ici, c’est écrit dessus!). Mais on peut se serrer et être beaucoup plus nombreux. Je dénombre quatre sièges à l’arrière et déjà 7 petites têtes laotiennes dépassent de la rangée!! On m’indique un sac de riz où poser une fesse en collant un peu les jambes d’une autre laotienne, ça devrait passer… ça doit passer… ça passe. Combien de kilomètres déjà?… 40? Mais même avec cinq personnes en moins on est toujours en surbooking? Baw pen nyang.
Il est 14h30, j’ai huit heures de bus avant d’atteindre ma destination…Bien sur dans la précipitation, j’ai rangé mon portable avec la musique dans mon sac de voyage… qui se situe sur le toit du bus! Et je n’ai gardé que les écouteurs. Cela risque d’être long. Cohue-bohu dans le bus, je me coince de partout mais je souris, c’est toujours avec les locaux que l’on vit des expériences fortes.
Au bout d’une heure, où tout s’est plutôt bien déroulé, le bus s’arrête. Impossible de redémarrer. Le chauffeur et ses collègues descendent, coupent des branches de bambous de la forêt d’à côté, trifouillent le moteur quelques trente minutes, et comme par miracle, le bus redémarre. Il est 16h…
On reprend les virages incessant dans les montagnes. Sous la pluie, il fait un petit peu froid sans chauffage ! Mais tout va bien, le bus est reparti. Les laotiens me dévisagent ainsi que les quatre autres touristes, tout en éjectant goulument je ne sais quoi par les fenêtres… Ils ont cette habitude de se racler la gorge très fort, à croire qu’un concours a lieu à chaque fois que l’un d’eux commence… et de cracher l’excédent de muqueuse… Très agréable. Il pleut, et les courants d’air sont gelés, mais personne ne ferme les fenêtres pour autant!!
Quelques heures se passent, les paysages montagneux sont sympas malgré la pluie. On dépasse des petites motos, et traversent quelques villages escarpés, où les maisons en bambous s’alignent, avec un petit feu dans chacune, pour réchauffer les habitants.
Les cinq laotiens sont descendus et j’ai réussi à obtenir (grand luxe), une place assise « normale » !!! Le bonheur est parfois fait d’un petit rien.
22h30, je suis quasi endormie, quand je sens que quelque chose d’anormal est en cours. J’ouvre les yeux, nous sommes arrêtés devant quelques camions et je devine dans le noir un gros virage non encore bitumé. La boue et la pluie ont crée des trous qu’il semble difficile de franchir. En effet, une voiture est déjà embourbée. Tout le monde s’agite un peu, mais calmement, pour connaître la situation.
Finalement, nous dépassons les camions et tentons de passer. Première tentative : échec. On s’enfonce et on recule dans le virage. Deuxième tentative : tout le monde est prié de descendre pour essayer avec moins de poids… Nous voici obligés de sortir en chaussures (cette fois, bien organisée, j’avais prévue les chaussures de randonnée), ou tongs pour la plupart des laotiens. On s’enfonce dans la boue, et on attend en regardant notre pauvre bus se débattre dans la boue… en vain…
23h30, le chauffeur nous fait comprendre que l’on doit passer la nuit dans le bus, dans le village d’à côté. Le temps d’attendre que la pluie s’arrête et que la boue durcisse. Sans protestation, tout le monde reprend sa place et trouve tant bien que mal une position pour dormir sur place ! Une telle situation en France serait digne d’un article dans les journaux.
Une des touristes installées à l’avant montre au chauffeur qu’il peut actionner le chauffage dans son véhicule!! Il semble découvrir la chose.
On somnole et à 4h du matin, tout le monde se réveille. Les laotiens quittent le bus et se lavent tous au point d’eau du village. Il doit faire moins de 10 degrés et il pleut toujours… A 6h30, on repart, les autres camions n’ont pas réussi à passer, mais comme par miracle, notre bus franchit le barrage de boue! Au moment de repartir, une petite laotienne s’agite devant le chauffeur, elle n’a pas eu le temps de se changer!! Une fois de plus, sans protestation, tout le monde attend que la jeune femme termine sa toilette.
On repart de plus belle, chaque virage est une victoire, la route n’est absolument pas terminée sur plusieurs tronçons. Beaucoup de camions sont obligés de stationner sur le côté (pour combien de temps?) mais notre chauffeur parvient chaque fois à avancer.
Enfin, à 8h30, on s’arrête, je m’apprête à descendre lorsque l’on me fait signe que l’on n’est pas encore à destination. Il s’agit d’un arrêt pour permettre au contrôleur des tickets d’aller acheter deux trois pigeons morts présentés sous un petit parapluie avec d’autres rats et souris, face à une maison…. Il remonte avec ses achats…
Nous parviendrons à Sam Neua à 9h30.
Un trajet digne d’une sacrée expédition…